Clet'che saisit l’énergie brute du carnaval de Dunkerque, un espace où le corps se réinvente dans l’excès et la transgression. Le grotesque, moteur de cette métamorphose, déstructure l’anatomie en exacerbant ses reliefs, en dévoilant ses ouvertures, en brouillant ses frontières. Il ne s’agit pas seulement d’un jeu de formes, mais d’un déplacement, d’un dépassement du corps en tant qu’entité fixe.
Dans l’instant du portrait, le déguisement devient un seuil, une membrane poreuse entre l’individu et l’ailleurs. Derrière le masque, le modèle s’abandonne, s’extrait du quotidien, se laisse traverser par une présence autre. Ce rituel de transformation, porté par la dynamique collective du carnaval – la danse, le tumulte, la clameur – engage une libération du corps. Il n’est plus identité, il est vibration, résonance, cri.
À travers cette série, il ne s’agit pas d’identifier, mais de capter la matière du corps, son intensité propre, en dehors de toute assignation. Dans cette effervescence où les codes s’effacent sous le grimage, le carnaval devient un lieu de résistance, une scène où le corps, dans son surgissement, interroge sa propre condition.