Dans cette série d’images, il s’agit de portraits de kick-boxers. Les photographies ont été prises après leur entrainement. Pendant l’entrainement, il n’y a pas d’enjeu, ils viennent faire affleurer leur image dans un délassement total.
Ces portraits sont une interrogation sur l’invisible, sur l’état d’entre-deux, de relâchement qui mène à autre chose. La fatigue est le déclencheur d’un lâcher prise qui amène le visage à se livrer. Le renoncement de leur corps, par la fatigue, qu’offrent ces sportifs, par un étrange retour, rend visible le visage qui se cache au creux de l’autre.
L’intérêt de se concentrer sur ces corps à l’abandon qui nous font face, c’est qu’ils transcendent la douleur pour nous révéler l’essence même du visage. Ces visages offerts sont le surgissement de la pure altérité.
Dans la verticalité des portraits photographiques, les modèles ont leur regard tourné vers nous. Le regard fait office de passeur. C’est à cet endroit que nous voyons leur abandon, leur intériorité extériorisée. Les portraiturés disent leur présence mais ne l’imposent pas.
Ces visages, immobilisés par la photographie, font dans le temps ce que le temps ne fait pas lui même, ils font face.