Fight Night

Les visages de Fight Night surgissent d’un ailleurs numérique, extraits d’un jeu vidéo de boxe pour être transposés dans une matérialité nouvelle. Ici, le corps n’est plus seulement une silhouette de pixels, mais une interface première, un seuil entre le tangible et l’intangible.
Cette série interroge la limite du corps, sa résistance face à l’impact, sa persistance dans l’effacement.
Le processus même du transfert réinvente ces figures. Des captures d’écran initiales, placées dans un iPad, sont ensuite fixées sur des plaques de verre par la technique du collodion humide. Chaque transvasement altère la présence, déconstruit la tridimensionnalité du jeu vidéo pour faire émerger une image qui vacille entre le contemporain et l’archive. La référence d’origine se dissout, laissant place à une matière plus incertaine, un espace de projection où la mémoire se trouble.
Le choix du procédé ancien devient un geste de résistance à la dématérialisation. Il rend au corps une densité, une gravité. Ces visages, marqués par l’effort, la fatigue, l’impact du coup, semblent osciller entre apparition et disparition. Ce sont des présences qui ne s’imposent pas mais persistent, figées dans l’instant, défiant le temps.
La photographie leur offre un territoire inédit : celui de la confrontation silencieuse. Ces visages, immobilisés par l’image, font ce que le temps lui-même ne fait pas : ils font face.

Projet réalisé lors d'une résidence dans le cadre de l'Observatoire des pratiques de création de l'image numérique (Obs/IN) à Arles.


- 16 collodions humide sur plaques de verre (6 formats 14,2x19,8cm - 9 formats 19,8x25,8cm)
caisse américaine en acier, fait main
- 1 coffret 22x40cm ouvert, acier